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Aux Comores, Azali Assoumani, ancien putschiste et président en quête de réélection

Azali Assoumani a-t-il tourné le dos à ses principes ? En 2009, le colonel à la retraite publiait un livre d’entretien, Quand j’étais président, destiné à refermer un chapitre de sept années passées au pouvoir ouvert par un coup d’Etat en 1999 et clôt après un premier mandat à la tête des Comores entre 2002 et 2006. Dans ce plaidoyer pro domo, il y exposait le caractère irréprochable de sa présidence et sa sagesse au moment de la quitter après un seul mandat. Loin des standards autoritaires d’autres pays du continent et des tendances de ses pairs à s’accrocher au pouvoir, suggérait-il à l’époque.
Quinze ans plus tard, l’actuel président des Comores semble avoir oublié ces considérations, comme il avait éludé de son récit sa fuite dans le coffre d’une Peugeot pour se réfugier à l’ambassade de France alors que les mercenaires du Français Bob Denard tentaient un putsch en 1995. Revenu aux affaires avec son élection à la présidence en 2016, Azali Assoumani briguera à 65 ans un troisième mandat consécutif à la tête de l’archipel, dimanche 14 janvier. S’il venait à s’imposer dans ce scrutin qui lui semble promis, le président sortant pourrait diriger les Comores jusqu’en 2029.
L’ancien militaire n’a jamais réussi à se débarrasser complètement de l’étiquette de putschiste qui lui colle à la peau depuis son coup de force de 1999, lorsque, chef d’état-major de l’armée, il s’empara du pouvoir pour mettre fin à la crise séparatiste avec l’île d’Anjouan. « Je l’ai connu jeune colonel, certes timide mais ambitieux, se remémore Saïd Ibrahim, l’un de ses anciens collaborateurs à la présidence. Aujourd’hui, nous avons affaire à un homme fatigué, qui ne cherche qu’une chose, garder le pouvoir. »
Azali Assoumani, fils d’une famille d’agriculteurs de Mitsoudjé, dans le sud de l’île de Grande Comore, formé à l’Ecole de guerre en France et à l’Académie royale de Meknès au Maroc, doit sa longévité au sommet de l’Etat à ses talents de stratège politique ainsi qu’à une série de changements constitutionnels qui lui ont permis de prolonger ses fonctions. La réforme de 2018, dont il est l’initiateur, fut, en ce sens, un tournant, car elle l’autorise à briguer plus de deux mandats consécutifs. Le premier symptôme, selon l’opposition comorienne, d’une dérive autoritaire.
Après avoir remisé son treillis en 2002, Azali Assoumani exerce un premier mandat comme président élu. Il ne peut le renouveler en 2006 en vertu du principe de présidence tournante, une disposition qui implique que les trois îles de l’archipel se relaient tout à tour à la tête de l’Union des Comores. S’ensuit un « chômage », comme il le dit lui-même, de dix ans, où il vit reclus sur ses terres de Grande Comore. Il se débarrassera de ce système d’alternance après son retour au pouvoir en 2016 grâce à un référendum, que l’opposition boycotte et qualifie de « coup d’Etat institutionnel ». « Depuis ce jour, nous vivons clairement dans une dictature », juge Nadia Tourqui, du Collectif de la troisième voie, une organisation de la société civile.
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